Les petits manteaux au clou.

18 janvier 2007

Les petits manteaux au clou.

les tifs à Tonton

-Tonton passait sa vie, assis.

Il conduisait son autobus,

de descentes en grimpettes et de plateaux en forêts.

Ensuite, il posait son petit panier à côté de lui, dans la cuisine de l'Hotel Papillon.

Il en sortait son litron et la tambouille que Tata lui avait préparée et mangeait, sans la voir, Madame R., veuve minuscule et noire de la tête aux pieds, armée d'un long pique-feu et toujours affairée avec ses ronds de fourneau .

Tonton mangeait lentement, dans des relents indicibles de cafés-chaussette, de tabac-caporal, de bière -renversée et de pipi de chat.

Il se reposait, somnolait, la tête dans ses mains.

Il se redresserait à quatre heures, se lèverait, prendrait son petit panier pour aller se rasseoir dans sa "Montagnarde" et la faire chauffer...

Il remonterait par les tournants,les cols et les forêts, les plateaux enneigés, pour ...s'attabler devant un repas bien chaud.

Nous allions, de force, partager son dîner, à l'heure, d'après l'école, où les enfants jouent encore dans la rue inondée de soleil...

A rester assis, ainsi, toute la journée,Tonton avait la tête enfoncée dans les épaules et ses cheveux de derrière, après avoir poussé, s'étaient replantés dans sa nuque.

Un soir , je n'y tins plus !

Mine de rien, je fis le tour de la famille attablée.

Je voulais voir de tout près !

Ses cheveux partaient bien du crâne, comme prévu!

C'est bien ça: ils se repiquaient, plus bas, pour pousser à l'intèrieur de son cou et ça devait le démanger, lui faire mal !!

Je n'osai pas toucher...pour voir !

Gêné par ma présence dans son dos, il me dit :

-Qu'est-ce que tu veux ?, en tournant la tête vers moi.

...et, à cet instant, je vis glisser la pointe des tifs sur un des replis de son cou grassouillet !

Ouf!!! J'étais rassurée !

Tout était normal !

Et je répondis, en regagnant ma chaise :